« Les adolescents qui passent plus de temps que la moyenne sur l’écran de leur smartphone sont plus enclins à être malheureux, et les adolescents qui passent plus de temps que la moyenne sur des activités hors écran sont plus susceptibles d’être plus heureux. Il n’y a aucune exception ».
Cette conclusion, c’est celle de la professeure de psychologie Jean M. Twenge de l’Université de San Diego, dans son ouvrage « iGen: Why Today’s Super-Connected Kids Are Growing Up Less Rebellious, More Tolerant, Less Happy—and Completely Unprepared for Adulthood—and What That Means for the Rest of Us.
Twenge a étudié l’impact des smartphones sur la vie quotidienne des adolescents, et a présenté cette semaine ce travail de recherche dans le magazine The Atlantic.
En route vers une destruction sociale
La psychologue explique que la génération des jeunes nés entre 1995 et 2012, qu’elle a surnommés “iGen” parce qu’aux Etats-Unis, 3 adolescents sur 4 possèdent un iPhone, a été façonnée par leur smartphone et la montée en puissance des médias sociaux. Presque tous ont un compte Instagram avant d’entrer au secondaire, et ils ont toujours connu internet. Ces jeunes, qui sont plus à l’aise en ligne que lors de rencontres physiques, courent moins le risque de se faire agresser que leurs homologues des générations passées, mais ils sont psychologiquement plus fragiles, et bien plus vulnérables aux crises de santé mentale.
Twenge a fait des observations stupéfiantes:
Les adolescents ont une vie amoureuse de plus en plus mince
A peine 56 % des élèves du secondaire ont eu un rendez-vous galant avec un(e) petit(e) ami(e) potentiel(le) en 2015. Pour les baby-boomers et la génération X (la génération entre les baby-boomers et les Millénials), ce ratio était de 85 %.
Leur développement est entravé
Twenge a étudié le comportement (relation à la boisson, aux rendez-vous amoureux, aux activités non surveillées…) de ces jeunes :
« Les jeunes de 18 ans se comportent plus comme des jeunes de 15 ans des générations précédentes, et ceux qui ont 15 ans se comportent plus comme des jeunes de 13 ans des générations précédentes. »
Ils ont plus de temps libre, mais ils le gaspillent…
Comme cette génération passe moins de temps sur ses devoirs que les générations précédentes, «ils passent le temps avec leur smartphone, dans leur chambre, seuls et souvent angoissés. »
« Le nombre d’adolescents qui rencontrent leurs amis presque tous les jours a chuté de plus de 40 % de 2000 à 2015 ». Les lieux de rencontre traditionnels des jeunes ont été remplacés par les espaces virtuels.
Les adolescents commettent moins de meurtres, mais plus de suicides
« Les adolescents qui passent trois heures par jour ou plus sur des gadgets électroniques sont 35 % plus susceptibles de développer un facteur de risque de suicide, comme concevoir un projet de suicide. (…) Depuis 2007, le taux d’homicide chez les adolescents a décliné, mais le taux de suicide a augmenté ».
Les filles sont les plus mal loties
« En 2015, on recense 48 % de filles de plus qu’en 2010 qui disent qu’elles se sentent exclues, comparé à 27 % de garçons de plus. (…) Bien que le taux de suicide ait augmenté pour les deux sexes, on a recensé trois fois plus de suicides de filles en 2015 qu’en 2007, contre deux fois plus pour les garçons ».